| | Bonnargent Nom de famille issu d'un sobriquet Origine du nom BONNARGENT
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Le
surnom "le bon argent" fut attribué à l'un de vos ancêtres, vers le
XIème, XIIème ou XIIIème siècle, à l'époque de la formation des noms
héréditaires, probablement en raison de son comportement et de son
aspect physique. Issu du latin "bonum", le mot "bon", attesté au XIIème
siècle, revêtait au Moyen-Age un sens laudatif. Ce surnom a réellement
désigné un homme de bien, un homme brave, respecté et apprécié. Quant
au mot "argent", attesté au Xème siècle, il signifiait "monnaie", ainsi
que "richesse", celui "d'argental" avait le sens de "qui brille comme
de l'argent". Le surnom "le bon argent" s'est appliqué à un homme soit
parce qu'il était respecté, reconnu pour sa richesse, et peut-être sa
générosité, un homme bon et brave, soit en raison de la couleur argent
de ses cheveux. On peut imaginer votre aïeul être identifié dans les
actes administratifs par la mention "Jehan dit le bon argent".
C'est
l'une de ces particularités, sociale ou physique, qui à permis à votre
ancêtre d'être différencié et surnommé ainsi par ses contemporains. Il
faut savoir que ces surnoms étaient toujours attribués par l'entourage,
jamais choisis par les intéressés, et qu'ils étaient souvent sans
complaisance. Le qualificatif "bon" se retrouve dans de très nombreux
patronymes tels que Lebon, Bonot, Bonady, Bonin, Bonineau, Bonichon,
Boniceau, Bonnicelli. On le rencontre aussi en composition avec un nom
de baptême comme Bonabel et Bondurand, avec un nom de lieu comme
Bonchamp, avec un nom de métier Bongrain, Bonvalet, avec un sobriquet
Bongrand, Bongros etc.
Quelques mots
d'histoire vous permettront de bien comprendre le contexte dans lequel
le nom BONNARGENT a évolué. Dès le Vème siècle, après la période
romaine qui avait apporté le modèle des noms multiples (César
s'appelait Julius Caïus Caesar), le christianisme triomphant, à
l'instar des Francs germains, impose le système du nom unique. En
attribuant un nouveau nom le jour du baptême, tels Bernard, Louis ou
Victor, les chrétiens voulaient marquer une rupture avec le monde
ancien et symboliser l'entrée dans un monde nouveau. Désormais, nos
lointains ancêtres ne portent plus qu'un seul et unique nom, celui
qu'ils ont reçu le jour de leur baptême.
Au
bout de cinq siècles de cette pratique, le nom unique va se heurter à
de nombreux problèmes d'homonymie dus à un essor démographique sans
précédent. En effet, pendant cette période des XIème, XIIème et XIIIème
siècles où se sont formés les noms de famille, la population française
aurait triplé, passant de 5 à 15 millions d'habitants. Lorsqu'une
majorité d'individus portait les mêmes noms, le choix se limitait aux
noms les plus illustres, notamment ceux des saints, il est alors facile
d'imaginer pourquoi le système du nom unique a volé en éclats.
Pour
contrecarrer ces homonymies, nos ancêtres ont naturellement fait appel
aux surnoms, c'est-à-dire qu'un qualifiant complémentaire au nom de
baptême vient préciser l'identité. C'est ainsi que Bernard devint
Bernard le grand, Louis le pieux, Victor du mont ou Bertrand le barbu.
Ces surnoms étaient tirés soit de l'aspect physique de la personne, tel
"le chauve", soit de son lieu d'origine, "du chemin", soit de son
métier "le boulanger", soit de ses moeurs "boileau" (qui aime le vin,
par ironie) ou tout simplement ils exprimaient une continuité du nom de
baptême comme Michelin pour Michel.
Pourquoi
le surnom BONNARGENT s'est-il fixé en nom de famille ? Ce surnom a
d'abord identifié un homme, puis toute la "maisonnée", puis la
descendance, sachant qu'à cette époque les gens habitaient le même
endroit de père en fils, ce qui facilitait la fixation du surnom. Cette
appellation "collait à la peau" de vos aïeux, c'était la maison "des
BONNARGENT". A force de répéter sans cesse ce nom, il fallait bien
s'attendre à ce qu'il se fixât pour toujours. Voilà pourquoi, quelque
trente générations plus tard, vous vous appelez BONNARGENT et que vous
êtes environ 90 personnes, en France, à porter ce patronyme. Synthèse réalisée par Jacques BODRAIS d'après P.Gonzalez, A. Dauzat et M.Th Morlet. | |